Avec un nuage de sang dans le thé.

Ft.  @Hati  au salon de thé

Une lueur dorée brille dans le regard de Tamamo qui fixe le soleil avec un drôle de plaisir. La démone avait presque oublié la chaleur de cet astre en fusion, qu’il suffirait d'attirer plus près de la planète pour que les humains grillent comme des insectes placés sous une loupe… Sa queue fouette l’air de contentement. Elle se mordille la commissure des lèvres et caresse la tête d’un jeune chaton inconnu qui vient de sauter de l'arbre à son balcon. Elle le laisse repartir quelques minutes plus tard avant de fermer les portes vitrées.

Elle chantonne un air doux de ses "années glorieuses”, en plaçant sa queue en mode écharpe. C’est bien dommage qu’elle ne puisse pas la cacher de manière plus… Discrète. Entre les humains outrés qu'elle porte de la fourrure aussi facilement et ceux qui veulent toucher, elle ne sait pas à quelle sauce les dévorer. Curry ou piment ?

En route pour rejoindre son travail, la démone essaie de ne pas regarder les gens qu’elle croise comme de la marchandise alléchante. Pendant ce temps, eux semblent pressés. Tamamo à légèrement du mal à comprendre cette manie de toujours courir. Remarque, vu la vie insignifiante qu’ils mènent, ils ont peut-être envie de la combler au maximum… Pense-t-elle avec un sourire mauvais aux lèvres. Elle grimace quand une femme la bouscule sans même daigner s’excuser. L'odeur qu’elle dégage est désagréable. Un mélange de tabac froid et de vanille chimique. La démone préfère laisser couler que devoir gérer cette senteur.

En avance, elle n'ouvre pas de suite, se prépare un thé et attend sa jeune assistante. Une humaine charmante, jeune et efficace. Elle ne la dévorera pas de suite. Elle travaille avec elle depuis l’ouverture du salon de thé. Elle aurait pu rester seule mais l’idée d’avoir une personne lui étant hiérarchiquement inférieure lui a plu. Elle a donc recherché une employée. Tamamo contemple le fond de sa tasse quand elle entend la porte.

- Bonjour Miss Mori.
- Lana. Il reste assez de thé pour toi dans la théière. Fais-moi le plaisir d'arrêter d’être aussi essoufflée. Ne t’ai-je pas déjà demandé de ne pas courir pour venir ici ? Tu es toute en sueur maintenant.

Gentille. Attentionnée. Douce. C’est ce que l’on pense quand on regarde Tamamo. Mais il n’en est rien. Elle affiche un rictus amusé alors que l’humaine essaie de retrouver le calme.
La renarde lui porte un regard mi-maternel mi-carnassier quand la jeune fille finit par se servir du thé. Elle penche la tête sur le côté, attendant patiemment.

- Je dirais… “Earl grey ?" tente timidement Lana.
- C’est exact. Tu commences à les reconnaître rapidement.

Lana ne connaissait rien du thé à son arrivée, alors prise de compassion, Tamamo a mis en place ce petit exercice. Chaque matin un nouveau thé qu'elle doit reconnaître le plus rapidement possible.
…

La journée est assez calme. Quelques clients, rien d’insurmontable. Beaucoup d’humains. Quelques-uns d'entre eux semblent être dangereux. Des exorcistes ? Elle ne saurait le dire. Elle n’a jamais été bien douée pour déceler ce genre de chose. Un autre genre de cliente entre alors. Tamamo aime cette odeur nouvelle. Elle penche la tête. Ces gens sentent la mort. Elle renifle, fixe un court instant Lana et l’envoie les servir alors qu’elle-même est déjà occupée avec d’autres personnes. Armée de son plateau avec une théière et deux tasses, elle passe à côté de cellui à la longue chevelure flamboyante et l’entend murmurer une drôle de réponse à un gosse. Tamamo se mordille la lèvre pour ravaler un sourire. Elle fait mine de ne pas avoir entendu. Mais l’envie de discuter lui vient. Avec politesse, la renarde sert ses clients puis retrouve Chevelure flamboyante. Sans s’inquiéter de déranger, Tamamo affiche un visage neutre.

- J’espère que le bergamoth est à votre convenance ? Pensez-vous qu’il manque une saveur particulière ? Je suis peu coutumière aux préférences gustatives de l'Occident.

Tamamo lui aurait bien posé d'autres questions, mais on ne semblait pas enclin à la conversation de l’autre côté. Elle ne voulait pas brusquer un client…