Rencontre autour d'une table.

Ft.  @Aria Noh  

Sorën fixe son reflet droit dans les yeux. Ils sont rouges. Il a pleuré dans son sommeil. Il a rêvé de cette dernière journée avec ses parents. Ce rêve récurrent lui avait fichu la paix depuis quelques mois, alors pourquoi il revenait le hanter ? Faible. Il a encore perdu le contrôle de lui-même. Et dormir n'est pas une excuse. Non. Il doit se contrôler. Sinon... Sinon... N'importe quel fichu démon peut avoir accès à son cerveau. Seule la présence des autres élèves en train de dormir le retient de frapper dans le mur. Maudit démons… Ils lui ont volé ses parents….

En retournant à son lit, il lance un regard dans les directions de ses camarades de chambre en soupirant. Soit il n'a pas crié dans son cauchemar et c'est tant mieux, soit ils ont le sommeil lourd. Sorën hausse les épaules et s'allonge, sans réussir à se rendormir. Il fixe le plafond qu'il ne peut pas voir dans cette obscurité. Il repense à sa mère. À cette vie que ses parents lui avaient offerte. À l’époque, il aimait ses voyages. Mais pas les changements réguliers d'écoles. Ici, à Pandémonium, il n'y aura pas autant de voyages mais au moins, il ne changera plus d'école. Et il a un but. Un vrai but. La vengeance en est qu’une partie. Il veut également protéger l'humanité de la présence de to... Enfin de certains démons. Ses professeurs expliquent qu'il y a des bons démons. Mais ça, Sorën ne le croira que lorsqu'il en croisera. Et même là il n'est pas sûr de l'accepter. Le suédois finit par se rendormir sans rêves.

C’est une voix lointaine qui le fait sortir du pays des songes. Petit à petit, elle semble se rapprocher. D’un mouvement brusque il envoie valser son réveil qui continue d'exprimer sa joie d’être le début de journée alors qu’il gît au sol, trois mètres plus loin.  Il n’a jamais été du matin, mais la coupure dans sa nuit l’a rendu encore plus grognon qu'à l’accoutumée. Le garçon ronchonne dans son coussin et finit par se lever pour faire taire l’objet avant de le replacer sur la commode. Les autres lits sont faits la plupart sont déjà partis  Il serre doucement la mâchoire en tirant ses draps le moins sauvagement mais le plus rapidement possible.

La matinée est légèrement plus longue pour Sorën que d’habitude. Il a du mal à rester concentré, repensant malgré lui à ce rêve. Il soupire, mâchouillant son bâton de réglisse en se dirigeant vers le réfectoire. S'il le pouvait, il irait en reculant dans cette… Basse cour. Il n’est jamais allé dans une grande ferme, pourtant il est pratiquement sûr qu’il y a le même bazar. Il frémit, roule des yeux et rentre dans la foule en se formant sa bulle de protection.

Plateau en main, il lance un regard sur la salle à la recherche d’une table vide. Mais il n’a pas été assez rapide et il n’y en a plus… Enfin, il en remarque une. Là-bas, tout au fond dans un coin. Elle semble vide alors Sorën part dans cette direction.

Seulement, voilà. Arrivé à ce qui lui semblait être le "Graal" du réfectoire, il se rend compte qu’une fille l'a devancé. Il grimace, lance un regard derrière lui et secoue la tête. Il est hors de question qu’il s’installe ailleurs. Alors il ferme les yeux un instant et se plante devant en essayant d’être le plus discret possible. Il n’est pas sûr qu’elle l'ait vu, et se gratte la tête. Il déteste qu’on le dérange de cette façon mais c’est soit ça, soit affronté les autres.

– Pardonne-moi… Je peux m’installer ici ? Demande-t-il doucement.