douloureuse connaissance || ft ... [RP ouvert]

avide.
un moment de libre, un instant avec soi-même et voilà que le garçon avait encore pris la décision de rejoindre son lieu préféré. La bibliothèque, son antre au sein de laquelle il aimait tant passer du temps. Sur place, Léon n'avait pas à expliquer pourquoi il préférait être seul à prôner le silence ; il se cachait tout simplement derrière son besoin d'étudier pour espérer se montrer à la hauteur mais la vérité n'était pas à proprement celle-ci. Cette fois encore il n'avait pas besoin de fourrer son nez dans des livres pour des devoirs, non, il était sous le joug d'aucune obligation étudiante. Sa curiosité était encore la coupable.

la silhouette fine rôdait entre les allées de bouquins plus intéressants les uns que les autres. Les mains jointes dans son dos il laissait son regard vagabonder d'une tranche de couverture vers une autre. L'indécision siégeait dans son esprit mais il savait qu'un moment ou un autre il allait se laisser tenter. L'exorciste n'abordait que peu sa vie avant l'ouverture des portes et son arrivée dans cette école — mais au fond, il se sentait un brin inférieur face à la majorité. Lui n'avait jamais connu tout l'historique avant de voir son premier esprit. Il était un néophyte désireux de se noyer sous les informations.  

sa persévérance aussi affamée qu'un tigre face à sa proie, il n'a jamais courbé la tête. Léon avait su combler le manque par la connaissance, son cerveau était devenu un estomac qu'il devait comblé au risque que la faim ne se fasse entendre. Au fil du temps passé ici, il avait donc appris à passer sous les mailles du filet, prétendant qu'il en savait autant que les autres. Plongé dans cette pensée il se mit sur la pointe des pieds pour attraper un livre qu'il plaça sur la pile qu'il trainait avec lui depuis quelques secondes. Exorciste mais peu musclé, son corps sembla avoir du mal à tenir le coup mais sa persévérance parvint à gagner la bataille, l'incitant à prendre un nouvel ouvrage.

boom.
voilà que l'ossature de son corps céda, son fessier percutant le sol en compagnie de ses trouvailles. La totalité à présent à terre, un soupir se permit de quitter ses lèvres face à la situation. Pas même un son pour traduire la douleur n'osa en revanche une quelconque apparition. Les cheveux devant les yeux il les repoussa de la main ; coup d'œil à gauche puis... misère. Encore au sol, il remarqua des jambes sur son côté droit, la personne en ce moment même face à un sacré spectacle. Honteux, il s'empressa de fermer les livres, tous au sujet de démons et autres esprits encore inconnu à sa connaissance.

« — Je, je suis désolé pour le vacarme, je vais tout ramasser. » Le beau entreprit de ranger le reste tandis que son esprit offrit des excuses machinalement. L'étudiant ne prit même pas la peine de lever la tête vers le témoin de la chute. La honte.

douloureuse connaissance

Toujours bruyant.
Au point de devenir épuisant. Pourquoi faut-il que les académies soient toujours aussi bruyantes ? Pourquoi doit-on sans cesse accueillir ces animaux de malheur, qui ne font que se chamailler et encore... Tu soupires allégrement, énervé par ces bruits qui frappent tes tympans à la moindre seconde. Tu voudrais bien que cela cesse, juste un instant, ne peuvent-ils pas s'étouffer atrocement et en silence ? Inlassablement, ton corps finit par traverser les couloirs de cette immense bâtisse, endroit que tu ne cesses de détester et d'aimer en même temps. Après tout, elle est très différente de celle où tu as passé une grande majorité de ta vie. Alors que l'odeur chimique, du sang et de la peau brûlée envahissaient l'ancienne demeure, ici se reposait milles autres parfums bien plus supportable, entre sueur, crotte de nez et pets. Rien pour te rappeler les innombrables sevices du passé.

Un peu perdu, et peut-être sur la lune, tu t'étais dirigé vers la grande bibliothèque, comme si ton instinct de démon avait recherché une fuite au vacarme que causaient ces effroyables singes qui faisaient guise de nouvelle génération pour la future grande guerre. De nouveau, un soupir s'échappa de tes lèvres légèrement rosés alors que tu t'adosses contre un mur, tentant sûrement de reprendre l'énergie perdu en traversant une immense foule de diablotins, ironique en y pensant.

Puis, quelques pas, ton esprit refait surface et découvre un décor sans pareil. Avec ses magnifiques voutes à l'ancienne et des livres à n'en plus finir. Et bien, en plus de cinquante ans, rien n'avait réellement changé et tu appréciais avec autant de bonheur que possible de retrouver un endroit si familier. Ton petit nez se plissa, inspirant profondément cette odeur de vieux papier. Un pur plaisir. Puis, comme repris d'un regain d'énergie, toi qui n'est pas spécialement rapide, surtout de jour, te mis à marcher dans les allées. Une drôle d'envi naquit en toi, une irrésistible envie d'attraper un de ces livres de démonologie, et pas n'importe lequel, celui qui parlait principalement des lycans.

Mais un bruit, plus sec et encore plus bruyant t'interrompit dans ta balade. Encore et toujours. Pourquoi n'étais-tu donc pas naît sourd ? Pourquoi fallait-il que tes sens soient bien plus supérieur à ceux d'un humain lambda ? Sans vraiment faire attention, tes mains rejoignirent tes orifices, comme pour protéger la fine couche qui te servait de tympan. Incessant, stupide, horrible. Tu serais limite prêt à t'enfoncer deux crayons dans les oreilles pour la peine.

Toutefois, ce ne fut le cas, car la cause était un de ces élèves exorcistes et il semblerait qu'il n'était pas vraiment volontaire à l'écrasement de ton ouïe. Non, tu le fixes un peu, le regard pas vraiment expressif. Lui, par contre, à l'air vraiment désolé et honteux. Parce que les odeurs ne trahissent pas. Ni même les gestes qu'il commet lorsqu'il ramasse tout ce qu'il a fait tomber sur le sol. Tu le vois bien, il ne te fixe pas, il évite ton regard, parce qu'il en a pas envi, parce qu'il veut s'effacer comme une souris dans un trou face à un gros chat. Mais toi, Uriel, t'es clairement pas un chat et tu n'as clairement pas envi d'entendre ses excuses, alors, tu le laisses faire simplement. Il fuit. C'est lâche. Complètement lâche. Bref, t'en étais où ?

Ah oui, le livre. Mais finalement, tu en as pas envi car tu remarques que sur le sol, caché sous une étagère, un bouquin. Sûrement un que le gosse a fait tomber et n'a pas ramasser. Alors, doucement, tu te baisses et l'attrape pour le ramener vers toi, comme pour le protéger du mal, puis, tranquillement, tu te mets à trottiner dans le couloir de la bibliothèque pour te rendre devant l'élève et lui tendre le livre. Toujours sans un mot.

son esprit offrit des excuses sans même le questionner, résidus d'une ancienne vie où le garçon préférait se d'avantage telle une ombre qu'avec fierté. La tête baissée il crispa la mâchoire, venant par la suite mordre sa lèvre inférieur la faisait légèrement saigner. Il avait fait une chute mais il n'avait tué personne, pourquoi se sentait-il forcé de devoir en faire autant pour une simple mésaventure. Son esprit joua le geôlier une poignée de secondes en le constatant puis enfin, il quitta sa torpeur inutile, son masque d'indifférence une nouvelle fois sur le visage. Il ne devait plus courber l'échine, il avait prononcé cette promesse avec lui même.

talons tournés il se retira donc, une fois tous les livres en sa possession — pensait-il. Les bras autour de ses trouvailles à présent ramassés, il les sert un peu contre sa poitrine comme pour atténué la pression que son cœur pratiquait. La tête obligée de rester sous l'eau, son état d'esprit avait été celui-ci lors de ses excuses inutiles. Léon sait que beaucoup ne porterait aucune importance à ce léger moment de gêne pour autant, il ne parvenait pas à faire autrement. Sa prison était dorée lors de sa jeunesse mais à présent elle était mentale, ainsi était la principale faiblesse de l'adolescent.  

comment pouvait-il autant aimer la puissance que pouvait lui donner ses aptitudes d'exorciste mais se montrer aussi peu à l'aise avec sa propre personne. Je ne suis qu'une armure vide, pathétique. La pensée le traverse, le submerge puis il se reprend à la vision de son observateur de plus tôt, à présent devant lui. Le lion pencha un brin la tête sur le côté en le fixant dans les yeux puis finalement il actionna ses pupilles pour les figées sur le bouquin qu'il lui tendait.
« — Oh, il manquait une victime de ma chute. » Son faciès s'imbiba de neutralité. Il lui fallait combler la première image qu'il avait donné. Sans se faire prier il le récupéra.
« — Merci, j'ai dû le manquer dans ma fuite. » Non loin d'une table il déposa tout son attirail littéraire pour libérer ses bras puis figea une nouvelle fois son attention sur son interlocuteur. Bien qu'il eu du mal à le traiter comme tel puisque pour l'instant, aucun mot n'avait quitté ses lèvres.

son silence vint d'ailleurs réveiller la meilleure amie de Léon. La curiosité s'empara de l'occasion pour danser dans son esprit à la recherche d'un mystère à élucider. Bonne nouvelle, il y en avait justement un devant lui à l'instant même. Observateur et silencieux un instant décida de quitter son mutisme soudain pour tendre sa main dans sa direction. Il aimait la solitude mais il ne pouvait pas manquer cela.
« — Je suis Léon Cartera, Meister. Je n'ai pas dû vous faire une très bonne impression, autant que je me rattrape. » Petit sourire furtif tandis qu'il se présentait.

douloureuse connaissance

La main tendue, tu tenais ce vieux livre de démonologie face à cet élève un peu perdu. À l'époque, tu aurais sûrement pu laisser ce bouquin sur le sol et repartir tranquiller vaquer à tes occupations. Mais avec le temps, énormement d'années auprès des humains qui t'avaient accepté malgré ton sang de démon, ta différence physique et ta maladie, tu avais peu à peu appris à imiter leurs codes sociaux, sans pour autant vraiment tous les comprendre. Et c'était avec un plaisir naissant que tu appréciais leur rendre service, malgré une maladresse qui pouvait en gêner plus qu'un. Mais cette fois-ci, c'est uniquement avec un simple geste sans trouble que tu lui offrais ce qu'il avait perdu il y a quelques instants, et celui-ci le récupéra, en ne s'excusant pas pour une fois. Après tout, il était inutile de demander pardon pour des choses aussi futiles. N'était-il pas commun de faire des erreurs ?

Tu ne bougeas toujours point, gardant simplement ta stature droite avec ton visage neutre, balayant de regard de cristal le jeune homme. Il était plus grand, ce qui était indeniable, toi qui possède une croissance tardive. Et bien même, que la plupart de tes camarades de l'académie avaient la plupart pris la retraite, s'ils n'étaient pas morts au combat, toi seul gardais encore ce corps d'adolescent où la moindre force d'un homme un peu trop musclé pouvait brisé comme une brindille tes os. Et pourtant, malgré cette faiblesse physique, tes os pouvaient se ressouder en quelques jours seulement. Ce qui faisait encore de toi un étrange exorciste aux yeux des jeunes guerriers.

Tu te sentis légèrement gêné, sous cette pression de regard que te lançait cet élève. Mais ton corps ne fit aucun mouvement, ni pour prendre la fuite, ni pour se défendre par cette impression d'agression envers ta personne. Puis, une main se tendit vers toi, te faisant sursauter légèrement et par simple reflexe, un pas en arrière. Il faut dire qu'en étant toujours la bête de foire de la haute hiérarchie, tu avais un peu du mal à faire confiance aux mouvements physiques qui se voulaient pourtant amical. Ainsi, tu reniflas légèrement, un peu confus avant de finalement offrir ta main, ou du moins, le bout des doigts. Puis, doucement, tes lèvres bougèrent, sans un son. Un court instant, tu te rends compte qu'il faut parler, rendre la pareil. Alors, tu forces un peu sur tes cordes vocales, toujours rien. Finalement, tu inspires bien profondément avant qu'une petite voix, vraiment pas forte, traverse tes lèvres. "U... riel."

Tes yeux s'écartent un peu du regard de l'élève, sentant dans ta nuque des petites sueurs désagréables. Puis, essayant sûrement de chercher une issue à cet envoûtement, tu trottines vers la table pour pousser les livres afin de les aligner. Il semblerait que le Léon étudie la démonologie, avec des créatures tout aussi farfelues les une que les autres. Un petit sourire se dessina sur ton visage, cas assez rare. Si c'était le soir, tu aurais sûrement agité la queue joyeusement, ce qui n'était le cas. Tu finis par te retourner vers l'élève, les yeux pétillants avant que tes mains se joignirent entre elles, dansant devant toi pour lui demander quelque chose. " Tu aimes bien la démonologie ? C'est ce que tu étudies ?" Essayes-tu de savoir, sans vraiment comprendre si l'élève comprenait les signes.

il y avait quelque chose chez son vis à vis qui l'intriguait au plus haut point, l'incitant pour une fois à prôner la sociabilité. Depuis qu'il était devenu exorciste, Léon avait eu l'occasion de côtoyer des individus tous plus étranges et extravagants les uns que les autres. Ce monde décelait de tout et le garçon souhaitait en rencontrer le plus possible. Ainsi bien vite il avait daigné oublier sa mauvaise passe avec les livres pour changer de mode de conduite ; il avait un nouveau projet d'analyse et ce dernier se tenait devant lui. Jeune homme éduqué avec soin et dureté par ses parents dès qu'il s'agissait de politesse, il avait usé du vouvoiement sans hésitation à son égard malgré sa taille.

impression.
quelque chose dans son allure le faisait se tenir avec respect, il ne se voyait pas un instant le traiter avec supériorité. Encore une fois en lien avec ses trois dernières années, il avait appris à ne jamais se fier aux apparences — d'autant qu'à l'époque, il détestait déjà ceux usant de cette facilité envers lui ou même les autres. L'esprit d'analyse est une preuve d'intelligence et l'exorciste voulait se targuer de l'être. Attentif, il espérait que la suite allait lui donner raison.

habillé d'une chemise blanche, il mena sa main vers le bouton le plus proche du col pour le défaire tout en conservant la main tendue vers son interlocuteur. Le lion devait se tenir à son aise. Sa tête se pencha un brin sur le côté droit à son léger mouvement de recul mais il ne prit pas la peine de commenter pour autant. Les soucis de sociabilité il les connait, il serait gonflé de critiquer. Malgré tout peu habitué à se montrer avenant il força un sourire un brin crispé. Bien essayé. Avec nonchalance il lui serra le bout des doigts offert puis laissa retomber son bras le long de son corps.

instinctivement il mima avec ses lèvres la prononciation du prénom donné, sans offrir un son. Léon ne voulait pas dire de bêtise et sa façon de parler l'avait étonné mais pas assez pour qu'il ne parvint pas à dissimuler sa surprise. Son esprit était en revanche en ébullition. Des problèmes de diction ou un léger mutisme.
« — Uriel, c'est un plaisir de vous rencontrer. Si je perds à nouveau un livre je ferais appel à vous. » Le ton était imbibé d'ironie comme pour espérer détendre l'atmosphère.

la suite fût agréable ; retrouvant le silence il laissa son regard le suivre sans sourciller tandis qu'il regardait les bouquins qu'il avait choisi pour finalement le rejoindre à nouveau. Dans son attitude, quelque chose avait changé, tout en restant calme il semblait plus enjoué qu'au début de la rencontre ce qui décrispa Léon immédiatement. Quelque chose dans ce qu'il avait choisi l'avait intéressé mais il avait du mal à le cerner avec sérénité et ce, malgré les signes effectués par Uriel. Un instant ses joues se teintèrent de gêne puis il se reprit en lui faisant signe d'attendre un instant.

un geste furtif et voilà qu'il retirait le sac attaché à son dos. Un petit son vif en provenance de la fermeture éclair se fît entendre à l'ouverture pour dévoiler divers affaires scolaires. Sans se faire prier l'exorciste attrapa un cahier qu'il ouvrit sur des pages vierges ainsi qu'un stylo, les posant tous les deux sur la table près de ses livres. D'un geste amical de la main il lui demanda d'approcher puis lui tendit le crayon.
« — Je suis désolé, malgré l'air intellectuel que je me donne je ne comprends pas les signes. Je peux vous laisser écrire ce que vous vouliez me demander ? » A nouveau un sourire peu à l'aise apparaît sur son visage bien que ce dernier sembla dégager une réelle sincérité et un intérêt certain.

peu serein en communauté, Léon avait pour autant jurer de ne jamais laisser la différence créer un fossé. Le lion avait trop subi avant qu'il ne puisse se targuer d'être un exorciste et il refusait de faire vivre la même chose. Il n'était qu'un excentrique et pourtant rejeté alors il n'osait imaginer ce qu'il pouvait vivre. Même lui et sa récurrente froideur avait des instants de lucidité et d'empathie.
« — Si en plus cela concerne les livres que j'ai rassemblé, je suis encore plus intrigué de savoir ce que vous vouliez me dire. C'est un peu mon nouveau credo depuis que je suis ici. La découverte. »