And I was runnin' far away - ft Sven

07/02/2023

— Tsss…

Tu resserres prestement ton écharpe. C’est le seul vrai bémol de ce fichu boulot; durant les rondes de nuit tu te les gèles très sérieusement. Quelle idée aussi de foutre cette académie dans ces vieux bâtiments en pierre? C’est quasiment impossible de les chauffer correctement… Et si étant gamin cela ne te gênait pas plus que ça, aujourd’hui il en est tout autre.

— Vous pourriez pas au moins attendre que je sois au chaud dans mon lit? pestes-tu doucement dans le vide.

Tes petits compagnons ne sont pas là, mais il n’est pas rare pour autant que tu t’adresses à eux dans un moment pareil. De toute façon, ils ne se froisseront pas pour si peu, depuis le temps que vous jouez ensembles, quelques remontrances de ta part ne les impressionnent guère. Le fait est que la solitude t’as habitué à parler tout seul et que même si cela fait maintenant trois ans que tu es revenu à l’académie et fréquentes de façon constante tes paire, tu as bien du mal à te débarrassé de cette manie.

Tu soupires en t’enroulant encore un peu plus dans tes couches de vêtements. Naturellement tes pas prennent le chemin des dortoirs dont l’aile est mieux chauffée pour le confort des élèves. Ensuite tu iras sans doute faire un tour aux cuisines, voir s’il n’y a pas quelques chose à même de te réchauffer le ventre…

Tu t’approches du couloirs menant aux chambres quand un froissement discret t’interpelles.

Rien d’alarmant au demeurant. Tu es bien placé pour savoir que quand on loge une bande d’adolescents bouffis d’hormones et d’idées stupides, il y a toutes les chances qu’il y en ait un ou deux réveillés même à 2 heure du matin… Surtout quand ils sont accoutumés aux plannings de cours décalés de coutume à Pandémonium.

Tu es un instant tenté de les faire stresser un coup... Cependant il serait préférable que tu restes prudent, au cas où il ne s’agirait pas de ce à quoi tu penses. Tu te fais donc silencieux comme une ombre pour aller voir qui déambule si tardivement dans l’établissement.

… En dehors de toi bien sûr.

Tu t’attendais effectivement à trouver un des jeunes de sortie, mais n’imaginais pas que ce soit pour autre chose qu’une gaminerie ou une blague estudiantine de mes deux – il faut dire que pour l’instant aucun élèves n’a fait preuve d’autant d’imagination et d’audace que toi ou tes camarades de classe à l’époque. Cependant, reconnaissant la silhouette qui va et vient dans le couloir, tu comprends de suite qu’il ne s’agit de rien de ce genre là.

Sven. Tu as rencontré le gamin dans une mauvaise posture il y a de cela un mois ou deux. Depuis il a intégré l’Académie, mais il reste fort secoué par ce qui lui est arrivé. Tes collègues en on d’ailleurs attesté. Tu espérais quand l’évitant tu lui épargnerai d’avoir à se remémoré de mauvais souvenir et cependant tu es obligé de te rendre à l’évidence; le garçon a toujours du mal à s’y faire. Ce n’était clairement pas la bonne méthode.

Tu te détends, changeant de posture pour te mettre bien en vu de l’étudiant, pour ne pas le surprendre, et attendant qu’il t’ait remarqué avant de t’approcher d’avantage. Et ce même si Sven semble avoir un don inexplicable pour te repérer, sans que tu n’y puisses rien.

— Tu as du mal à dormir? Demandes-tu tout bas, à la fois pour ne pas déranger ses camarades qui dorment, et pour éviter qu’il ne sursaute. Tu sais que dans ces cas là tu peux venir toquer à ma porte…

Tu dis ça, tout en étant conscient que tu ne lui as pas vraiment donné de raison de le faire, jusqu'à présent. Si ça se trouve, il ignore même où est le bureau des surveillants attenant à ta chambre. Raison de plus pour l’inviter à le faire maintenant aussi maladroit que ce soit.

And I was runnin' far awayfeat. @Elijah Llewelyn
Tu te réveilles en sursaut, nageant de sueur, la main sur ton rein désormais manquant alors que tu as l'impression d'être toujours à l'intérieur de ton rêve. De ton cauchemar. L'incident qui vient hanter tes jours et tes nuits depuis trop longtemps maintenant.
Pas capable de laisser tomber. De passer au dessus.
Ta découverte du monde des exorcistes à été des plus brutales. Alors tu prends une brusque inspiration, pour tenter de te recentrer. Sauf que ça e fonctionne pas. Et te voilà tout paniqué, au milieu de ta nuité.
Tu fais le mouvement le plus logique, quittant ton lit pour rejoindre les couloirs, déambulant comme une âme en peine. Des allées et retour sans queue ni tête, te tirant les cheveux, tentant tant bien que mal de retenir la crise d'angoisse que tu sens venir.
Et c'est alors qu'une odeur familière vient titiller tes narines, te faisant relever la tête de tes doigts que tu rongeais au sang. Un soupire de soulagement, il ne s'agit que du surveillant qui t'as sauvé la vie. Tu trottine rapidement pour le rejoindre, oubliant que tu es pieds nus sur le sol froid du bâtiment. Tu n'y penses même pas trop prit dans ta panique et ta joie de voir quelqu'un en qui tu peux avoir confiance. Celui qui t'as sauvé la vie. Celui avec qui tout te semble permi.
A ses mots, tu prends un air embêté, passant une main dans tes cheveux ébourriffés.

"Désolé, j'y avais pas pensé..."

Et c'est vrai. C'était la dernière de tes idées. T'osais pas déranger. Tu t'étais déjà tant fait remarqué par ton arrivée en cours d'année que tu faisais de ton mieux pour passer inaperçu au milieu de cette foule d'élèves qui semblaient être beaucoup plus habitués que toi au monde qui hantait tes pensées. A cause de ton incident, tu avais une meilleure vision que certains, et rien que cela te mettais mal à l'aise. Tu avais l'impression de ne pas le mériter, de ne pas avoir ta place à leurs côtés, toi que ce monde ne cessait de terrorriser.

"J'arrive pas à arrêter d'y penser."

Tu sais qu'il comprendra de quoi tu parles. Et t'espère, au fond, qu'il aura une solution pour toi. Tu sais rationnellement qu'il te faudra du temps pour passer au dessus de cet accident. Et pourtant, tu rêves d'une formule magique qui te permettrait de tout oublier. Et le froid, ou son odeur si forte, te fait soudainement éternuer. A tes souhaits.

07/02/2023

Tu retiens une grimace en voyant le gamin se précipité vers toi avec un enthousiasme et un soulagement non dissimulé. Outre que tu te rends compte de ta bévue lorsque tu as cherché à lui laissé de l’air, tu ne sais pas très bien comment réagir à l’admiration que semble te vouer Sven. Certes tu lui à sauvé la vie mais… Mais c’est juste ton taff... Non? Même toi tu n’arrives pas à te convaincre de cet argumentaire. Et pourtant tu aimerai bien que ton geste ne passe pour banal plutôt qu’héroïque. Non parce que franchement être un héros, c’est vraiment pas dans tes ambitions.

A ce moment là, t’as juste pensé à faire ce qu’il y avait à faire, rien de plus. Ça n’a été qu’un réflexe. Et au départ c’était juste un coup de chance si tu es tombé sur lui.

Ce jour-là, tu baillais à t’en décrocher la mâchoire, étalé sur un toit, les bras exceptionnellement découverts afin de profiter des rayons du Soleil.

Il ne fallait pourtant pas que tu t’endormes sur tes lauriers. Aglae pouvait bien surveiller les alentours pour toi, ce n’était pas le Duz qui prendrait l’initiative si jamais un démon se pointait.

Depuis une semaine, l’un des lycées d’Edimbourg se retrouvait victime de plusieurs incidents louches. Rien de dramatique ou d’alarmant au demeurant; des salles saccagées pendant la nuit, des plombs qui sautent, des affairent qui disparaissent et réapparaissent là où on s’y attendrait le moins… Notamment la petite culotte d’une pompom-girl accroché sur le lustre de l’entrée. Tu souriais, amusé, par la scène qui se peignait dans ta tête. Tu pouvais te le permettre; soit tu avais à faire à un esprit farceur type Sylph, lequel prendrait sans doute peur dès qu’il te verrait, soit… Il y avait un petit malin parmi les lycéens, auquel cas tu saluais l’artiste.

D’ordinaire, tu laissais ces petites mission de routines aux étudiants, mais ce jour-là tu avais besoin de te dégourdir un peu. Et puis envoyer vos lycéens enquêter au milieu de lycéens lambdas, c’aurait été... Curieusement peu discret; les étudiants de Pandémonium font des adolescents peu communs, il faut le reconnaître, entre ceux qui ont grandis au milieu des exorcistes et ceux qui on découvert plus ou moins brutalement l’existence des démons. Dans un lycée classique, tu étais à peu près sur qu’on les verrait comme le nez au milieu de la figure…

Tu te perdais gentiment dans tes élucubrations, quand Aglae revient vivement te souffler autour, provoquant un violent frisson.

— Qu’est-ce qu’il y a? Bougonnais-tu en te redressant pour voir ce qui agitait ton démon.

Tu avais alors au juste le temps de voir au milieu d’une nuée de caol tars, deux adolescents tourner au coin d’une rue un peu plus loin.

— Et merde.

Apparemment, il n’y avait pas qu’un démon à hanter ce lycée.

— C’est le rôle des surveillants de gérer ce qui peut se passer la nuit. Tu esquisses un sourire. Faut pas hésiter. Aller vient. Je te montre, c’est au bout du couloir.

Tu prends les devants, le laissant t’emboîter le pas tandis que tu l’écoutes. Évidement qu’il ne peut cesser d’y penser. On a changé toute les règles de son monde, tout ce qu’il connaissait, déjà, mais en plus son corps à subit des dommages irréversibles. Même si sont esprit parvenait à oublier ou à faire abstraction, le traumatisme est inscrit dans ses cellules et son organisme ne cesserait de le lui rappeler. Tu es bien placé pour le savoir.

Quant à la peur… c’est un instinct de survie primaire. Tout exorciste se doit d’en être conscient.

— Bien sûr. Rien de plus normal. D’ailleurs si tu penses que l’on va te juger pour ça, ici, tu te trompes. Dis-toi bien que plus de la moitié des gens ici, que ce soit les professeurs ou les élèves, traînent des séquelles causées par les démons. Tu as un sourire espiègle et taquin pour Sven afin de dédramatiser les choses. Tu as perdu un rein; j’ai perdu un œil si tu ne l’as pas remarqué.

Ça pourrait sembler indélicat de ta part de le formuler ainsi, et cependant ton but est de mettre le jeune à l’aise avec ce qu’il traverse. Certes ça fait mal, c’est perturbant et effrayant, mais dans l’établissement il n’a pas à avoir honte de ce qu’il ressent vis-à-vis de tout ça. Vous arrivez à ton bureau et tu lui ouvres.

— Désolé, s’il fait un peu chaud.

Tu t’es en effet arranger pour au moins ne pas être frigorifié quand tu ne circules pas dans l’établissement.

— Tout ça pour te dire que tu peux venir me voir pour en parler quand tu veux. Tu ne seras ni le premier et ni le dernier ici à avoir besoin d’un temps d’adaptation et d’un soutien.